Je m’arrêtai, une nuit, dans une auberge pour m’y reposer. Avant de me coucher, je pris la bougie, et en examinant les coins du lit et des murs, je vis partout des punaises ; je réfléchis alors au moyen de m’installer pour éviter ces vilains insectes. J’avais un lit pliant, mais je savais que si je le plaçais au milieu de la chambre, les punaises descendraient le long des murs, et, par les pieds du lit, monteraient jusqu’à moi. Je priai donc l’aubergiste de me donner quatre coupes en bois ; je mis de l’eau dans les coupes, et dans chacune d’elles je plaçai un pied du lit. Je me couchai, je mis la bougie par terre, et j’observai ce que faisaient les punaises. Les insectes, me sentant, arrivaient en foule ; je les vis courir sur le parquet, grimper au bord de la coupe ; les unes tombaient dans l’eau, et les autres s’en retournaient. — Je suis plus fin que vous ! pensai-je ; maintenant, vous ne m’atteindrez pas ! J’allais éteindre la bougie, lorsque je me sentis mordre. Je cherche, et je trouve une punaise. — Comment est-elle venue chez moi ? me dis-je. Un instant après, j’en sentis une autre. Je regardai attentivement autour de moi, ne comprenant pas comment elles pouvaient arriver jusqu’à moi, lorsqu’on regardant au plafond, j’en vis une qui s’y promenait, et lorsqu’elle fut au-dessus du lit, elle se laissa tomber. — Non, m’écriai-je, on ne peut pas être aussi rusé que vous l’êtes ! Puis, je mis ma pelisse et je sortis.