La semaine dernière, depuis l'autobus qui nous amenait à la colonie de vacances de Mimizan-Plage, j'ai aperçu une cabane dans les bois. Elle m'a rappelé un livre sur le pin des landes que nous avons lu en classe cette année. Il me tarde d'aller voir qui y habite. Ce matin, pas de plage, Chloé en profite pour essayer de retrouver la cabane dans les bois. Les fougères ont poussé mais ce n'est pas encore la jungle... Elle a enfilé la tenue locale achetée sur le marché en plein air la veille : sweat rayé, gilet sans manche, foulard rouge "basque" noué de côté autour du cou et béret landais sur la tête. Mais il n'y a personne dans la cabane, juste un petit mot accroché sur la porte : Démonstration de gemmage le jeudi à 10h. Un peu déçue, Chloé décide d'aller voir d'où vient le crissement incessant en provenance de la forêt, comme si une colonie de criquets y avait élu domicile. Elle a beau regarder et chercher, pas un seul criquet, pas un seul grillon sous les écorces ou par terre. Gri-gri, gri-gri. Qui habite donc dans ces arbres ? Chloé avance doucement, mais ne voit toujours rien ; bien involontairement, elle fait fuir un écureuil, qui laisse derrière lui deux grosses pommes de pin qu'il n'a pas encore ouvertes. Les fougères s'écartent sur son chemin, et les aiguilles de pin sèches craquent sous ses pas. Grigri-grigri, gri-gri. La musique lancinante s'éteint puis reprend, comme si chaque pin hébergeait un musicien. Rien sous les écorces. Peut-être y a-t-il un insecte caché dans les pommes de pin ? Chloé regarde de près, soulève une à une les écailles rigides qui résistent. Chacune abrite une petite graine enserrée dans une sorte de bague noire, avec une aile transparente et fragile. Chloé se souvient alors des explications de la maîtresse sur le rôle du vent qui disperse les graines et les transporte au loin. Alors c'est ça l'aile de la graine, son cerf-volant ! Alors c'est ça aussi que l'écureuil vient grignoter ou emporter pour ses provisions d'hiver ! Chloé rigole en imaginant la compétition entre les familles d'écureuils et le vent. Et si je rapportais une pomme de pin en souvenir de ma balade ? Je la mettrai sur le rebord de ma fenêtre et les écailles s'ouvriront toutes seules au soleil. Au marché, j'ai vu qu'ils en vendaient pour faire des décorations de Noël. Chloé serre la pomme entre ses deux mains ; elle a l'impression que la pigne colle sur ses doigts, qu'elle dégage un parfum qu'elle ne reconnaît pas.