Un âne vieux et malade cherchait un dernier emploi pour ses vieux jours. Personne ne voulait plus de lui ni de ses braiments disgracieux. L’époque des contes de fées de Brême était bien révolue. Tous les jours il traînait la patte, lamentablement, autour d’un pré où paissait en journée sans surveillance un troupeau de moutons. Il broutait l’herbe des fossés faute de mieux et liait peu à peu connaissance avec cette gent paisible et partageuse. Un jour il aperçut un chien, crevant de faim, encore plus mal loti que lui, qui n’avait plus que la peau et les os. L’animal rodait, sournoisement, guettant le moment opportun. Une brebis s’étant écartée du troupeau lui sembla proie toute offerte. Le chien rampa dans l’herbe et saisit brusquement une patte de l’animal pour l’entraîner dans un endroit propice au festin dont il rêvait. L’âne se précipita et fit feu des quatre sabots contre le voleur. Il le piétina avec tant et tant de vaillance et de vigueur que le chien ne dut son salut qu’à la fuite. L’histoire se propagea rapidement dans toute l’Occitanie. Et c’est depuis ce jour que nos bergeries hébergent toujours un âne, Gardien du troupeau en l’absence du berger et protecteur sans pitié Du territoire attribué.