On a pendant bien longtemps cherché un instrument mesureur de l’humidité, et pendant longtemps on a échoué. On crut l’avoir trouvé quand on eut reconnu, dans certaines substances, la propriété d’attirer l’humidité, et de changer de volume sous son influence. Les cheveux qui s’amollissent et s’allongent à la pluie, les cordes qui se tordent et se raccourcissent devinrent des hygromètres. On imagina ce tableau parlant d’un capucin qui se découvre au soleil et se coiffe à l’humidité, et quelques autres appareils aussi pittoresques, mais aussi peu précis. Enfin de Saussure, régularisant ces procédés grossiers, dont il acceptait le principe, imagina l’hygromètre à cheveu, qui fit époque dans la science, sans toutefois la servir beaucoup. C’est un petit appareil élégant et délicat, portant un seul cheveu tendu qui s’allonge ou se contracte sous l’influence de l’humidité ou de la sécheresse ; une aiguille qui parcourt un cadran d’argent mesure les variations sur une division tracée d’avance, elle indique si l’air est voisin de la sécheresse absolue marquée 0, ou rapproché de l’humidité extrême indiquée par le chiffre 100. Il y avait tant de simplicité dans le principe de l’hygromètre à cheveu et une si grande commodité dans l’emploi de cet instrument, qu’on l’accepta tout d’abord sans voir qu’il n’était pas de nature à satisfaire les météorologistes. Il leur faut autre chose qu’une graduation arbitraire, ils doivent connaître le nombre de grammes d’eau que renferme un mètre cube d’air à un moment quelconque de la journée : c’est ce que l’instrument de Saussure ne pouvait leur apprendre, et quand on vit que cette qualité lui manquait, on se lança dans des expériences longues et nombreuses pour en perfectionner la graduation. Elles ne furent jamais bien satisfaisantes, et l’on n’a pu sauver d’un discrédit complet cet hygromètre, plus ingénieux que rationnel.