Immortalisée par les amours de Pétrarque et de Laure, la fontaine de Vaucluse coule à cinq lieues de la ville d’Avignon. Quand on est arrivé au village de Vaucluse, on n’a plus qu’un kilomètre à parcourir pour arriver à la fontaine. On aperçoit au-dessus du village, des ruines qui portent, sans aucun motif, le nom de château de Pétrarque. On entre alors dans un vallon étroit, bordé de rochers escarpés, aboutissant à un mur taillé à pic, par lequel le vallon se ferme brusquement comme un cul-de-sac : c’est de là qu’est venu le nom de Vaucluse (vallis clausa). La source sort au pied de ce mur. On voit jaillir de ce point, une vingtaine de torrents, de la grosseur du corps d’un homme. Ils se précipitent avec fracas, et forment la rivière de la Sorgue. Au-dessous du mur qui ferme le vallon, est un bassin circulaire, de 20 mètres de diamètre, entouré d’énormes blocs de rochers et creusé en entonnoir, dans lequel les eaux de la fontaine se maintiennent à des hauteurs variables. On n’a jamais trouvé le fond de cet abîme. L’excavation du bassin s’étend sous les rochers, et de vastes canaux souterrains y amènent des eaux abondantes. Les blocs entassés en avant du bassin, sont couverts d’une mousse d’un vert noirâtre, qui croît sur une terre calcaire blanche, déposée par les eaux. L’effet tantôt majestueux, tantôt riant et pittoresque, de la fontaine de Vaucluse, s’explique par les alternatives de l’irruption des eaux. Au point précis de la source, un énorme rocher s’élève, tout d’une pièce, à une hauteur de plus de 200 mètres, surplombant d’une façon menaçante la tête du touriste. Si les eaux sont basses, le visiteur voit à ses pieds un précipice horrible, incomplètement rempli d’eau ; si les eaux sont hautes, il a devant lui une cascade jetant sur une série de rochers une masse d’eau effroyable, qui se brise et se réduit en écume avec un fracas épouvantable. Dans les crues annuelles ordinaires, l’eau se divise par chutes inégales, entre les blocs de rochers ; la cascade offre alors un aspect varié de formes et de couleurs. Mais, après les grandes pluies, par suite de l’abondance de l’eau, c’est une véritable rivière qui sort du gouffre, offrant l’aspect d’un immense manteau aux franges d’écume.