Tom Potts jouait avec un révolver (Le genre de sottises qu'il faudrait éviter), Quand – bang ! ce maudit objet se déclencha Contre toute attente ! Tom ne savait pas qu'il était chargé, et Cela le terrifia à mort -- Il tomba à plat sur le plancher Et eut du mal à reprendre son souffle. La balle fracassa une belle pendule de cheminée (Qui venait juste de sonner trois coups) Puis fit un trou bien net dans le mur, Comme vous pouvez le constater. Dans la cuisine, Brigitte Quinn S'affairait comme d'habitude Quand la balle transperça le chauffe-eau Et toute l'eau s'en échappa. Le sol fut inondé et transformé en mare, La pièce fut envahie de vapeur d'eau, Et Briget remonta sa jupe, Et se précipita dehors en hurlant. Dans la cour derrière la maison, Sue, sa sœur, En compagnie de Sœurette et de Mabel Dunn, Faisait de la balançoire sous les arbres ; elles s'amusaient de bon cœur, – Quand – zip ! la balle siffla à toute allure En coupant une des cordes en deux Puis elle se fit un passage dans la grande barrière de bois, Et Sue se retrouva à terre ! C'est alors qu'une automobile passa, La carrosserie de couleur verte – La balle l'atteignit de côté et transperça Le réservoir d'essence. Une explosion bruyante s'ensuivit et Une secousse ébranla l'atmosphère ! Les passagers furent tous éjectés Dans une fumée et une lumière aveuglantes ! Un artiste dans son studio, Qui venait de gagner une médaille, Peignait « Le rire d'un garçon » Qui était presque terminé : La balle de plomb frappa ce tableau En passant à travers la pièce Et transperça la toile sur sa trajectoire, Et l'expression du visage du garçon changea complètement ! La vieille Mamie Fink était profondément endormie – Aussi profondément qu'on puisse l'espérer : À côté d'elle se trouvait Un aquarium plein de poissons. La balle frappa le bocal en verre En la réveillant en sursaut de sa sieste – Et Grand-mère se retrouva trempée Avec des poissons rouges sur la poitrine ! Un dame entra dans un magasin Où l'on vendait des animaux, Pour acheter un perroquet qui ne dirait Ni jurons ni insultes. Mais au moment où elle en parlait au vendeur En demandant son prix, La balle arriva en plein dans une des boites, Libérant une troupe de souris blanches ! Le vieux Hagenschmit était installé derrière sa maison Pour essayer sa nouvelle pipe hollandaise Quand – bing ! la balle en frappa le godet Et envoya tous les morceaux en l'air ! « Qui a mis cette bombe dans ma pipe ? » s'exclama le fumeur sidéré. « Si je pouvais lui mettre la main dessus, Ça ferait un farceur en moins ! » Un poirier, que vous voyez de l'autre côté du mur, Était couvert de fruits mûrs ; Et Ned, en bas, on aurait dit Le garçon le plus triste de la ville ; Juste à ce moment passa l'infatigable balle, Coupant une grosse branche Où était suspendue une bonne douzaine de poires … Qui lui tombèrent directement dans les bras ! G. Foozleman, avec chapeau haut de forme en soie, Se trainait dans la rue Quand la balle se précipita à travers la calotte de son chapeau Et l'envoya dans les airs ! « Qu'avez-vous donc monsieur, » jeta-t-il à Harvey Jones qui le suivait, « à frapper de la sorte mon haut chapeau en soie ? » Mais Harvey l'ignora complètement. Dick Bemble transportait un sac de blé, Pour aller le faire moudre, Quand la balle déchira le sac Et laissa un trou derrière elle. Dick ne se rendit pas compte que le sac était percé Ni qu'il y avait un trou, Et s'étonna que la charge qu'il portait S'allège de minute en minute. Tim Nickleby avait attrapé un poisson à la ligne Et allait le déposer à terre, Quand – snap ! sa canne se brisa en deux Il ne put comprendre comment. Bien sûr, c'était la balle la responsable ; – Ça aurait été plus excitant Si elle avait atteint Timothy Qui était en manque d'exercice. Un chat sauvage agressif s'était échappé et rôdait librement dans les jardins ; Le gardien, effrayé à sa vue, S'était réfugié dans un arbre élevé. Le fauve l'aperçut là-haut Et d'un bond agile … Se heurta à la balle en plein vol, Et dégringola par terre. Une pastèque, mûre et bien ronde Se trouvait dans la réserve de la cuisine ; La balle la transperça de part en part En passant par là à toute vitesse. « Qui a creusé ce trou ? » s'écria Maman En passant la porte. « Je donnerais une bonne fessée à l'enfant qui a fait cette bêtise Si j'arrivais à connaitre son nom. » Un vendeur de ballons, un type né et élevé en Russie, Marchait tranquillement dans la rue pleine de poussière Sa marchandise au-dessus de sa tête. « Ballons, ballons ! Qui veut en acheter ? » Criait-il d'une voix stridente : « Je dis – » À cet instant précis, son entreprise s'effondra – La balle était passée par là. Un orchestre allemand défilait Et tout le district était au courant, Quand – boum ! le tambour se tut brutalement – Le balle était passée en plein milieu de l'instrument. Le chef d'orchestre se retourna furieux, Et en montrant du doigt le musicien, Il s'exclama : « Tu commences trop tôt, mon ami – Tu devrais te faire plombier ! » Dame Silverman avait préparé son feu Et enfourné du charbon à la pelle Quand la balle traversa le tuyau du poêle En faisant un trou béant ! La fumée s'éleva en colonnes sombres, La femme se redressa en hurlant ; Alors les pompiers entrèrent en scène, Pour la sortir de là. Un chat observait une toute petite souris Et s'accroupissait prêt à bondir ; La souricette ne trouvait aucun lieu Pour se cacher – la pauvrette ! C'est juste à cet instant que la balle fit un trou – Un trou assez large, ma foi – Et hop, la souris terrorisée se précipita, En échappant ainsi aux griffes du chat. Un voleur se faufilait par la porte – Quel type intelligent ; Il avait en effet attendu que le gong Appelle tout le monde pour le thé de 5h. Mais, à ce moment-là, arriva la balle Qui frappa et emporta la sonnette d'un coup – Le majordome arriva juste à temps Pour le voir disparaitre. Le vieux Sandy, sur sa cornemuse écossaise, Jouait « Robin des Bois » Pour obtenir de ses jeunes spectateurs Autant de sous qu'il pouvait, Quand tout à coup le sac fit « Couac ! » Le bourdon de l'instrument se transforma en soupir – La balle volante avait percé le sac d'air en passant au travers. Pour s'amuser et bien rigoler Ces gamins détruisaient tout ce qu'ils pouvaient, Quand la balle transperça la ruche Et leur fit perdre tout entrain. L'essaim surpris en sortit d'un coup, D'humeur furieuse et funeste, Et fonça sur l'ennemi en une charge terrible Pointant leurs dards pointus et dangereux ! Quand le cerf-volant de Félix Fenno s'envola Ses mains furent impuissantes à le retenir ; Le cerf-volant avait l'air bien décidé à lui échapper, Tellement il tirait fort. Mais juste à cet instant, la balle en sifflant Coupa en deux la corde du cerf-volant. Pareil à un vaisseau volant partant en croisière, Le précieux cerf-volant s'envola ! L'employé de l'épicerie tourmentait Snip En le bombardant de grains de riz Tout en restant hors de portée – Ce qui n'était vraiment pas gentil. Juste à ce moment la balle coupa la chaine Qui retenait le chien, qui – ô bonheur ! En profita pour faire un bond fantastique et mordit ce garnement d'employé. Mam'zelle Nouvellemariée avait fait un gâteau Avec des glaçages appétissants bien épais – La balle frappa son armature Et s'y enfonça pour de bon. Et ce fut une chance pour Tom Potts, Le garçon qui avait tiré le coup de révolver – La balle aurait pu continuer à faire le tour du monde Et le tuer en fin de course.