Il était une fois un marchand de Seri, qui vendait de la vaisselle en cuivre et en étain. Il allait de ville en ville avec un compagnon qui vendait aussi cuivre et étain. Cet homme était cupide, récupérant tout ce qu'il pouvait sans contrepartie, et achetant la marchandise pour moins que rien. Quand ils arrivaient dans une nouvelle ville, ils se partageaient les rues. Chacun arpentait ses propres rues en criant : «Cuivres à vendre. Etain à vendre.» Les gens sortaient sur le seuil de leur porte pour acheter ou échanger. Dans une de ces maisons vivaient de pauvres gens, une vieille femme et sa petite-fille, qui avaient été riches autrefois. Mais maintenant, tout ce qui leur restait de leurs richesses passées était un bol en or massif. La grand-mère ne savait pas qu'il était en or, elle l'avait gardé parce que, il y a bien longtemps, c'était le bol du repas de son époux. Le bol était rangé sur une étagère avec les autres pots et poelles et ne servait pas souvent. Le marchand cupide passa devant la maison en criant : «Achetez mes jarres ! Achetez les poelles !» «Oh, grand-mère, achète-moi quelquechose !» demanda la petite-fille. Son aïeule lui répondit : «Ma chérie, nous sommes trop pauvres pour acheter quoi que ce soit. Et en plus, je n'ai rien à vendre en échange.» «Grand-Mère, demande au marchand combien il nous donnerait pour le vieux bol de grand-père ; nous ne nous en servons plus, peut-être qu'il nous le reprendra et nous donnera en échange l'objet que nous voulons.» La vieille dame appela le marchand et lui montra le bol en lui disant : «Monsieur, accepteriez-vous de le prendre et de donner un de vos objets à ma petite-fille en échange ?» L'homme cupide prit le bol, en râcla la tranche avec une aiguille et vit que le bol était en or. Il se dit qu'il pouvait le récupérer pour rien, aussi répondit-il : «Combien ça vaut ? Même pas un demi-penny.» Et il le jeta par terre puis s'en alla. Quelque temps après, le second marchand passa devant la maison. Car ils avaient convenu de passer en second chaque fois qu'une rue avait été faite par l'autre. Il appela à son tour : «Achetez mes carafes ! Achetez mes étains ! Achetez mes cuivres !» La petite fille l'entendit et supplia sa grand-mère de lui demander combien il rachèterait le bol. Elle lui répondit : «Mon enfant, le marchand qui vient de passer a jeté le bol par terre avant de repartir. Je n'ai rien d'autre à échanger.» La petite répliqua : «Mais grand-mère, c'était un grossier personnage. Celui-ci a l'air gentil. Demande-lui. Peut-être qu'il nous donnera une toute petite assiette en étain.» «Bon, va l'appeler et montre-lui le bol !» dit la vieille dame. Dès que le marchand soupesa le bol, il sut qu'il était en or et leur dit : «Toute ma marchandise ne saurait avoir la valeur de ce bol. Il est en or et je ne suis pas assez riche pour vous l'acheter.» La grand-mère lui répondit : «Mais, monsieur, un marchand vient de passer, l'a jeté par terre en disant qu'il ne valait pas un demi-penny avant de repartir. Ça ne valait rien pour lui. Si vous trouvez qu'il a de la valeur, prenez-le et donnez à la petite les assiettes dont elle rève.» Mais le marchand refusa cette proposition. Il lui donna tout l'argent et toutes les marchandises qu'il possédait : «Redonnez-moi juste huit pennies » lui demanda-t-il. Il prit les pennies et s'en alla. Il se dépêcha de partir jusqu'au fleuve et donna l'argent au passeur pour la traversée. Peu après le marchand cupide repassa devant la maison au bol d'or. «Donnez-le moi et je vous donnerai un petit quelque chose» leur dit-il. «Non» répondit la grand-mère, «vous nous avez dit que ce bol était sans valeur alors qu'un autre marchand nous l'a acheté un bon prix et il l'a emporté.» Le marchand cupide et furieux se mit à hurler : «Cet homme m'a fait perdre une véritable fortune. Ce bol était en or.» Il se précipita jusqu'à la rive ; en voyant l'autre marchand dans le bateau, il appela : «Hé, le passeur ! Arrêtez-vous !» Mais le premier lui marchand dit : «Ne vous arrêtez pas !» Et ainsi il put rejoindre la ville de l'autre côté du fleuve et y vécut fort longtemps de l'argent que ce bol lui rapporta.