Calendal n’était qu’un pêcheur ; l’amour en fait un héros… Pour gagner le cœur de sa mie, la belle Estérelle, il entreprend des choses miraculeuses, et les douze travaux d’Hercule ne sont rien à côté des siens. Une fois, s’étant mis en tête d’être riche, il a inventé de formidables engins de pêche, et ramène au port tout le poisson de la mer. Une autre fois, c’est un terrible bandit des gorges d’Ollioules, le comte Sévéran, qu’il va relancer jusque dans son aire, parmi ses coupe-jarrets et ses concubines… Quel rude gars que ce petit Calendal ! Un jour, à la Sainte-Baume, il rencontre deux partis de compagnons venus là pour vider leur querelle à grands coups de compas sur la tombe de maître Jacques, un Provençal qui a fait la charpente du temple de Salomon, s’il vous plaît. Calendal se jette au milieu de la tuerie, et apaise les compagnons en leur parlant… Des entreprises surhumaines !… Il y avait là-haut, dans les rochers de Lure, une forêt de cèdres inaccessibles, où jamais bûcheron n’osa monter. Calendal y va, lui. Il s’y installe tout seul pendant trente jours. Pendant trente jours, on entend le bruit de sa hache qui sonne en s’enfonçant dans les troncs. La forêt crie ; l’un après l’autre, les vieux arbres géants tombent et roulent au fond des abîmes et quand Calendal redescend, il ne reste plus un cèdre sur la montagne… Enfin en récompense de tant d’exploits, le pêcheur d’anchois obtient l’amour d’Estérelle, et il est nommé consul par les habitants de Cassis. Voilà l’histoire de Calendal… Mais qu’importe Calendal ? Ce qu’il y a avant tout dans le poème, c’est la Provence, la Provence de la mer, la Provence de la montagne, avec son histoire, ses mœurs, ses légendes, ses paysages, tout un peuple naïf et libre qui a trouvé son grand poète avant de mourir… Et maintenant, tracez des chemins de fer, plantez des poteaux à télégraphes, chassez la langue provençale des écoles ! La Provence vivra éternellement dans Mireille et dans Calendal.