À Brandebourg, près du marché, Ulespiègle resta logé à l’auberge pendant quinze jours. Tout près de là demeurait un tailleur. Les trois garçons travaillaient juchés sur un volet soutenu d’un côté par la fenêtre, et de l’autre par des poteaux plantés dans la rue. Lorsque Ulespiègle passait devant la maison, ces trois garçons tailleurs se moquaient de lui et lui jetaient des chiffons. Ulespiègle ne disait rien et attendait son heure. Un jour que le marché était plein de monde, les garçons tailleurs s’installèrent sur leur volet et se mirent à coudre ; mais, pendant la nuit, Ulespiègle avait scié les poteaux de façon qu’ils ne tenaient presque plus. Lorsque le porcher de la ville se mit à corner pour que chacun lâchât ses cochons, qu’il devait mener aux champs, le tailleur lâcha les siens, qui, en passant sous la fenêtre, se mirent à se frotter contre les poteaux qui soutenaient le volet. Les poteaux cédèrent, le volet fit la culbute, et les trois garçons tailleurs tombèrent dans la rue. Ulespiègle était en observation, et quand il vit tomber les garçons tailleurs, il se mit à crier : Tiens, tiens, voilà le vent qui fait tomber trois tailleurs de la fenêtre ! Il criait si haut qu’on l’entendit d’un bout du marché à l’autre. La foule accourut, et les rires ne finissaient pas. Les garçons tailleurs étaient tout honteux, et ne savaient comment ils étaient tombés de la fenêtre. Enfin, ils s’aperçurent que les poteaux avaient été sciés, et ils pensèrent bien que c’était un tour d’Ulespiègle. Ils mirent de nouveaux poteaux, et ils se gardèrent bien de se moquer de lui dorénavant.