Lucie part à la recherche de ses mouchoirs. Elle demande d'abord au chat s'il a vu ses trois mouchoirs perdus, mais il continue à lécher consciencieusement ses pattes blanches sans relever le museau. Puis elle demande à une poule tachetée si elle a vu les mouchoirs perdus, mais la poule s'échappe en gloussant : « Je suis pieds-nus, pieds-nus, pieds-nus ». Alors, Lucie grimpe sur l'échalier en pierre pour regarder de l'autre côté de la ferme. Elle aperçoit des choses blanches étalées sur l'herbe très loin, au sommet de la colline. Elle court aussi vite que ses petites jambes peuvent la porter le long d'un sentier à pic qui monte, monte jusqu'à ce que sa maison devienne minuscule. Là-haut, elle trouve une source qui jaillit des rochers, avec un tout petit seau pour récupérer l'eau, et des traces de pas minuscules dans le sable mouillé. Elle finit par arriver devant une porte fermée. Qu'y a-t-il derrière cette porte ? une jolie cuisine bien propre, comme celle de sa maison mais le plafond est très bas. Lucie fait connaissance avec la blanchisseuse. Debout devant une table se tient une petite personne. Sous son bonnet, au lieu d'avoir des boucles blondes comme Lucie, elle a des piquants. Lucie lui demande son nom et si elle a vu ses mouchoirs perdus. Elle s'appelle Madame Piquedru, c'est la reine des blanchisseuses ! Elle sort quelque chose de son panier de vêtements et l'étend sur la planche à repasser : c'est le petit gilet rouge de Robin le rouge-gorge ! Puis elle détache du sèche-linge une serviette sale : c'est la nappe de Jannie la mésange avec des tâches de jus de groseilles ! Elle va ensuite chercher un autre fer chaud sur le foyer. Voici enfin un des mouchoirs de Lucie, et son tablier ! Mme Piquedru le repasse, l'amidonne et fait ressortir le plissé. Voilà aussi une paire de chaussettes trouées de Sally Pouli-poulette ; elle a usé ses talons jusqu'à la corde ; elle finira par marcher pieds-nus ! Le repassage Madame Piquedru va poser le fer à repasser devant le feu et en reprendre un chaud. Ce mouchoir appartient à Mme Lapin ; il sentait tellement l'oignon qu'il a fallu le laver à part. Cette paire de moufles appartient à Chati la chatte ; il suffit de les repasser, elle les lave elle-même. Madame Piquedru trempe dans le bol d'amidon les petits plastrons détachables de Tom le souriceau. – À quoi servent ces jolies choses douces et duveteuses ? – Ce sont les manteaux de laine des petits agneaux, avec des marques sur l'épaule pour les reconnaître. Madame Piquedru étend le linge : il y en a de toutes sortes et de toutes tailles. Le travail est terminé, elles prennent le thé devant le foyer ; Lucie a peur de se piquer avec toutes ces épingles à cheveux plantées à l'envers. La distribution du linge propre Lucie porte le ballot de linge propre et Mme Piquedru cache la clé sous le paillasson. Les petits animaux surgissent de dessous les fougères pour récupérer leurs habits. Les deux premiers sont Pierre Lapin et son cousin. Tous les petits animaux et les oiseaux témoignent leur reconnaissance à leur blanchisseuse. Finalement, il ne reste plus rien à porter, à part le petit ballot de Lucie. Lucie se hisse par-dessus l'échalier tout en tenant son ballot d'une main et se retourne pour dire « Bonne nuit ! » mais il n'y a plus personne, plus qu'un hérisson qui remonte le long de la pente de la colline à toute vitesse. Où sont passés le bonnet plissé, le châle, la robe et le jupon ? Bon, il y a des gens qui vont dire que Lucie s'est en fait endormie sur l'échalier et qu'elle a tout rêvé, mais n'avez-vous jamais rencontré une Madame Piquedru ?