La mère avait acheté des prunes, et voulant les distribuer aux enfants après le dîner, elle les avait mises sur une assiette. Vania n’avait jamais mangé de prunes ; ces fruits le tentaient beaucoup ; il les avait flairés et désirait fort les goûter ; il ne faisait que tourner autour. Resté seul dans la chambre, il ne put résister à la tentation ; il en prit une et la mangea. Avant le dîner, la mère compta les prunes et vit qu’il en manquait une. Elle en informa le père. À table, le père demanda : — Eh bien, mes enfants, n’en est-il pas un parmi vous qui ait mangé une prune ? Tous répondirent : « Non. » Vania devint rouge comme une écrevisse et affirma : — Non, je n’en ai pas mangé. Alors le père reprit : — Si quelqu’un de vous l’a mangée, ce n’est pas bien, mais là n’est pas le malheur ; le malheur est qu’il y a des noyaux dans les prunes, et que si l’on avale un de ces noyaux, on meurt dans les vingt-quatre heures ; voilà ce que je crains ! Vania pâlit et s’écria : — Non, j’ai jeté le noyau par la fenêtre. Tout le monde rit, et Vania se mit à pleurer.