Il n’y a personne au monde qui sache raconter autant d’histoires que Ferme-l’Œil. En voilà un qui raconte bien ! Vers le soir, lorsque les enfants sont assis tranquillement à la table ou sur leur petit banc, arrive Ferme-l’Œil. On l’entend à peine monter l’escalier, parce qu’il a des pantoufles : il ouvre tout doucement la porte, et psitt, il lance du lait dans les yeux des enfants avec une merveilleuse délicatesse, et cependant toujours en assez grande quantité pour qu’ils ne puissent pas tenir leurs yeux ouverts et, par conséquent, l’apercevoir. Il se glisse derrière eux, leur souffle dans le cou, ce qui leur rend la tête lourde oui ; mais cela ne leur fait pas de mal, car le petit Ferme-l’Œil a de bonnes intentions pour les enfants : il veut seulement qu’ils soient tranquilles, et d’ordinaire ils ne le sont que quand ils dorment. Il veut qu’ils soient bien tranquilles pour qu’il puisse leur raconter ses petites histoires. Dès que les enfants sont endormis, Ferme-l’Œil s’assied sur leur lit. C’est qu’il est joliment vêtu : il porte un habit de soie, mais d’une couleur qu’il est impossible de dire. Il a des reflets verts, rouges et bleus, suivant le côté où il se tourne. Sous chaque bras il tient un parapluie : il en ouvre un, qui est orné de belles images, au-dessus des enfants aimables, et alors ils rêvent toute la nuit les plus charmantes histoires. L’autre parapluie, qui est tout uni, il le déploie sur la tête des enfants méchants, qui dorment alors d’une manière stupide ; et le lendemain, quand ils se réveillent, ils n’ont rêvé de rien du tout. Nous allons entendre maintenant comment Ferme-l’Œil vint tous les soirs, pendant toute une semaine, visiter un petit garçon qui s’appelait Hialmar : voici les sept histoires qu’il lui conta, puisqu’il y a sept jours dans la semaine.